Où en est l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo ?


Depuis un mois, la République démocratique du Congo est confrontée à une nouvelle épidémie de maladie à virus Ebola. 92 personnes sont déjà décédées dans la province du Nord Kivu, touchée pour la première fois par la fièvre hémorragique. Une zone avec une forte densité en population, explique Elsa Softic, responsable Afrique pour Première Urgence Internationale, qui fait un point sur la situation.

Un homme est devant une fenêtre

En mai dernier, on parlait d’une épidémie de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo. Comment la situation a-t-elle évolué ?

L’épidémie de mai dernier, qui avait débuté dans la province de l’Equateur, a été déclarée terminée le 25 juillet 2018. Mais depuis le 1er août, une nouvelle épidémie touche la RDC, cette fois dans l’est du pays, dans le Nord Kivu, une province frontalière avec l’Ouganda et le Rwanda. Il n’existe aucun lien entre ces deux épidémies qui se sont déclarées à près de 2 000 km de distance.

Est-ce que cette nouvelle épidémie est plus inquiétante ?

La situation dans cette zone est plus instable. En effet, l’épidémie qui sévit aujourd’hui  en RDC touche une des provinces les plus peuplées du pays, avec environ 8,5 millions d’habitants. De plus, le Nord Kivu fait face à des enjeux sécuritaires complexes avec des affrontements permanents des groupes armés qui résident dans cette zone.

Aujourd’hui, on compte 132 cas de personnes contaminées, dont 102 cas confirmés et 30 cas probables. Cette épidémie est plus meurtrière, avec 92 décès (contre 33 décès enregistrés sur l’épidémie dans l’Equateur), et nous constatons également que le taux de létalité, c’est-à-dire les risques que la maladie puisse entrainer la mort, sont plus élevés cette fois-ci.

C’est la première fois que le Nord Kivu, cette zone très peuplée et qui subit de réguliers déplacements de population, est touchée. Cela engendre déjà des difficultés.

Pour quelles raisons la RDC subit-elle ces épidémies à répétition ?

La RDC est en effet le pays le plus touché par le virus Ebola. Depuis l’apparition du virus en 1976, les habitants souffrent des apparitions régulières de cette maladie. Aujourd’hui, c’est la dixième épidémie enregistrée dans le pays. Une des raisons serait liée à certaines habitudes alimentaires notamment la consommation de la viande de brousse, c’est-à-dire des chauves-souris et des singes, des animaux porteurs du virus Ebola. L’épidémie se transmet ensuite par échanges de fluides corporels.

De plus, il n’est pas toujours aisé d’identifier les malades d’Ebola car les symptômes sont communs à ceux d’autres maladies tropicales très courantes dans la zone. Ainsi, la distinction n’est pas toujours évidente pour les médecins.

Comment réagir face à cette nouvelle épidémie ?

Beaucoup d’acteurs humanitaires sont déjà positionnés au Nord Kivu pour riposter contre le virus Ebola. Première Urgence Internationale participe aux réunions de coordination de la réponse. Nous nous préparons également à développer des programmes de prévention et de contrôle de l’infection dans la zone de Nyiragongo autour de Goma, qui est la ville la plus peuplée du Nord Kivu, et qui n’a pas encore été touchée. Nous voulons établir un cordon sanitaire pour éviter que le virus atteigne la ville.

L’idée est d’intervenir dans les centres de santé afin de former le personnel médical pour qu’il puisse identifier les cas, et qu’il soit en mesure de se protéger en utilisant des gants, des masques et en créant ce qu’on appelle des zones d’isolement, pour mettre à l’écart les patients touchés.

Nous voulons également développer de la sensibilisation communautaire autour des centres de santé afin d’aider les habitants eux-mêmes à identifier une personne touchée par la maladie, savoir comment réagir et  apprendre les gestes à bannir.

Nous sommes malheureusement toujours en attente de financements pour ces programmes, qui sont pourtant d’une importance vitale pour le pays.

Photo © Colin Delfosse

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