Notre approche santé dans les squats et bidonvilles
Première Urgence Internationale intervient depuis sept ans en médiation santé auprès des populations roumanophones vivant en squats et bidonvilles dans les départements du Val-de-Marne et de Seine-Saint-Denis. Inscrit depuis janvier 2016 dans le code de la santé publique (Art. L. 1110-13), le secteur de la médiation santé consiste à jouer un rôle d’interface entre les populations n’ayant pas accès aux droits, ni aux soins et les acteurs du système de santé. Grâce à son expérience, Première Urgence Internationale fait évoluer son action afin d’en améliorer l’impact.
Évolution des sensibilisations collectives
L’objectif de la médiation Santé consiste à assurer l’accès du public aux droits à la santé, à la prévention et aux soins. Parallèlement, il faut sensibiliser les acteurs de soins de droit commun aux obstacles du public dans son accès à la santé.
Les médiatrices roumanophones de Première Urgence Internationale développent depuis plusieurs années des sorties communes avec le personnel de structure de droit commun de proximité en « allez-vers » dans les squats et bidonvilles où vivent les populations roumanophones.
Depuis le second semestre 2019, Première Urgence Internationale se donne pour objectif de renforcer son rôle d’interface. L’ONG développe des activités de sensibilisations collectives sur la santé sexuelle et reproductive. Ces activités sont animées de manière commune par les médiatrices en santé roumanophones et les professionnels au sein des structures de soins. Cette intervention répond à un double objectif :
- Améliorer l’identification des structures de droit commun (Protection Maternelle et Infantile, Centres Municipaux de Santé, Centres de Planification et d’Éducation Familiale, services sociaux, Permanences d’Accès Aux Soins de Santé, hôpitaux), par la population afin que les problèmes de santé sexuelle et reproductive soient mieux pris en charge ;
- Multiplier les rencontres entre les professionnels médico-sociaux et les populations afin de combattre les idées reçues réciproques.
Les médiatrices mènent des actions de sensibilisation collective sur des problématiques de santé sexuelle et reproductive avec le personnel soignant. Comme par exemple la connaissance et l’appropriation de son corps, la contraception, les risques infectieux liés à la sexualité grossesse etc. Cela participe au renforcement de la prise en charge de ces populations. Ainsi qu’à leur inscription dans le parcours de soins et le suivi de grossesse.
Développement d’une approche intégrée : médiation Santé et ateliers psychosociaux
L’OMS définit la santé comme : « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité».
Au-delà de vivre dans des conditions indignes et dangereuses pour sa santé. La population roumanophone subit une politique de démantèlement et d’expulsion à répétition.
Cette politique sécuritaire participe à la forte stigmatisation de cette population. Selon la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) c’est la minorité dont l’indice de tolérance est le plus faible.[1]
La discrimination diffuse, participe à son tour à des agressions racistes récurrentes comme ce fut le cas en mars 2019 en Ile-de-France[2].
Il résulte de cette réalité une accentuation de la détresse psychologique. Celle-ci peut s’exprimer de différentes manières. Par exemple, à travers une altération du sentiment de confiance en soi, de l’anxiété, des épisodes dépressifs, ou encore des symptômes post-traumatiques. Ces conditions de vie intensifient également la vulnérabilité psychosociale de cette population. Cela impacte aussi bien leurs relations sociales dans la communauté qu’au sein du couple ou de la relation parent-enfant.
Première Urgence Internationale met en place une prise en charge intégrée à partir de 2020. L’ONG a pour projet de conduire des ateliers psychosociaux dans les structures de soins de droit commun. Elle veut réunir les femmes dans des espaces bienveillants hors des bidonvilles. Notamment, celles qui sont particulièrement vulnérables du fait des difficultés auxquelles elles peuvent être confrontées (violences liées au genre, maternité, dépendance financière, etc.). Ainsi, ces lieux neutres permettraient aux femmes de travailler sur de nombreux sujets. Tels que, l’acceptation de soi, la vie sexuelle et affective, et la relation mère enfant.
Distribution de kits hygiène
La précarité menstruelle touche de nombreuses femmes vivant dans les squats et bidonvilles. Première Urgence Internationale s’engage, dans le cadre de ces sensibilisations collectives et ateliers psychosociaux, à distribuer un kit d’hygiène aux femmes y participant. Dans l’ensemble, ce kit comprendra des protections menstruelles ainsi que des produits d’hygiènes de première nécessité pour l’ensemble de leur famille.
[1] CNCDH : Rapport 2017 sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie
[2] https://www.romeurope.org/communique-de-presse-violences-anti-roms-indignation-et-appel-a-laction/
Ce projet pilote est réalisé avec le soutien de l’Agence Régional de la Santé, de la fondation RAJA, de la fondation de France, et de la fondation Sanofi Espoir.
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