Niger : Première Urgence Internationale déploie une réponse d’urgence dans la ville de Gaya


Au cœur de la crise sahélienne, le Niger fait aujourd’hui face à une dégradation progressive de la situation sécuritaire, affectant par conséquent la population. La région de Dosso, jusqu’à présent épargnée par les actions des groupes d’opposition armés, rentre peu à peu dans le conflit. En décembre 2021, plusieurs centaines de pêcheurs nigériens installés au Burkina Faso et au Bénin ont abandonné leur maison face aux pressions de l’armée béninoise et burkinabé, et ont trouvé refuge dans le département de Gaya, au sud de la région de Dosso. Première Urgence Internationale a mené une action de réponse rapide auprès des populations déplacées pour répondre aux besoins sanitaires les plus urgents.

Attente pour les consultations médicales à Gaya, Dosso, 4 janvier 2022 © Première Urgence Internationale

Dégradation progressive de la situation sécuritaire au Niger

Le Niger est au cœur de la crise sahélienne, qui touche également le Mali, le Burkina Faso, le Nigeria et depuis peu le Bénin. Déjà en proie à des tensions communautaires et des territoires peu contrôlés par les États centraux, la zone saharienne et sahélienne est fortement déstabilisée depuis 2012 par de multiples crises politiques et sécuritaires, notamment la circulation rapide de groupes d’opposition armés radicaux (GOAR). L’épicentre de la crise se concentre aujourd’hui sur la région dite des « trois frontières » entre Mali, Niger et Burkina Faso.

Le Niger est aujourd’hui tiraillé entre plusieurs fronts, notamment dans les régions de Tillabéri,  Tahoua et Diffa, en particulier dans les zones frontalières avec le Burkina Faso, le Mali et le Nigeria. Il y a peu de temps encore, certaines zones, comme Agadez, Dosso ou Zinder, étaient encore épargnées par les GOAR et les attaques sur les communautés locales, mais la population fait aujourd’hui face à une dégradation importante de la situation sécuritaire : vols de bétail, enlèvements et assassinats sont devenus le quotidien d’une partie des Nigériens, aggravant la pauvreté alors que près de 45% de la population du pays vit sous le seuil de pauvreté.

La région de Dosso témoigne aujourd’hui de la dégradation sécuritaire et du glissement progressif du conflit vers des zones jusqu’à présent épargnées.

Crise à Dosso : région oubliée, nouvelles populations affectées

A la fin du mois de décembre 2021, plusieurs centaines de pêcheurs nigériens et leur famille, installés depuis plusieurs années dans la zone frontalière entre le Burkina Faso, le Bénin et le Niger, ont abandonné leur village burkinabé pour trouver refuge dans les communes rurales de Gatwani et Tounouga dans la préfecture de Gaya, au Niger.

Le 2 décembre, une position militaire béninoise a été attaquée par des groupes d’opposition armés radicaux. L’armée béninoise et burkinabé ont conjointement renforcé leurs dispositifs de sécurité et ont lancé un ultimatum : les pêcheurs nigériens, accusés de complicité avec les groupes armés, devaient quitter leur village. Abandonnant leurs biens, les familles ont trouvé refuge dans le département de Gaya.

« Des tirs d’armes lourdes ont été entendues toute la nuit et ne nous ont pas du tout permis de fermer l’œil la veille de notre départ. La principale grande voie que tout le monde empruntait a été barricadée et le lendemain l’armée béninoise a commencé à arrêter tous les Nigériens qui habitent au Burkina Faso car ils nous pensaient complices. C’est pourquoi nous avons fui immédiatement, avant même la fin de l’ultimatum qu’ils nous avaient donné », déclare Hassane, un déplacé âgé de 75 ans, rencontré par les équipes de Première Urgence Internationale.

Première Urgence Internationale déploie une réponse d’urgence dans la ville de Gaya

Discussion de groupe et évaluation des besoins avec les populations déplacées, département de Gaya, région de Dosso, 3 janvier 2021 © Première Urgence Internationale

Les autorités sanitaires de la région et du département ont alerté les acteurs humanitaires des besoins urgents des populations déplacées. De nombreux cas de diarrhée et d’infections respiratoires aiguës ont été rapportés, accentués par les températures basses de la saison froide. Les mécanismes de réponse d’urgence, permettant d’apporter une aide dans de brefs délais, ne sont cependant que peu établis dans la région Dosso, jusqu’à présent épargnée par les mouvements de population.

« Les soins n’étaient pas gratuits pour nous avant l’intervention de l’ONG alors que nous vivions dans des conditions difficiles, nous avions laissé toute notre vie là-bas. Quand nous étions malades, nous faisions recours à des traitements traditionnels », explique Hassane.

Réponse d’urgence dans la ville de Gaya aux besoins sanitaires

En tant qu’acteur sanitaire, Première Urgence Internationale a acquis une expérience dans les réponses d’urgence dans le pays. L’organisation a décidé de répondre aux besoins sanitaires immédiats dans ce contexte de crise peu médiatisée et oubliée. L’équipe de la clinique mobile de Première Urgence Internationale, composée de médecins, sage-femme, infirmier et mobilisateur communautaire, s’est rendue dans le département de Gaya le 31 décembre moins d’une semaine après les arrivées des déplacés.

Le médecin et l’infirmier ont délivré des soins de santé gratuits à plus de 200 personnes déplacées, fournissant les médicaments nécessaires et adaptés aux besoins. La sage-femme a quant à elle assisté 38 femmes, enceintes ou demandeuses d’informations et d’assistance concernant la planification familiale.

« Plusieurs familles ont trouvé refuge dans des villages voisins, mais ces familles déplacées sont quand même venues consulter à la clinique mobile de Première Urgence Internationale», rapporte Docteur Taher, notre Responsable Programme Santé.

Première Urgence Internationale déploie une réponse d’urgence dans la ville de Gaya

Consultation délivrée par la sage-femme de Première Urgence Internationale auprès des femmes enceintes déplacées, département de Gaya, région de Dosso, 2 janvier 2021 © Première Urgence Internationale

L’équipe de Première Urgence Internationale a également mené une campagne de dépistage de la malnutrition parmi les enfants âgés de moins de 5 ans : la malnutrition rend les enfants plus vulnérables aux maladies et limite leur développement physique et intellectuel. La campagne menée par notre ONG a permis de détecter 20 cas de malnutrition aiguë chez les populations déplacées et tous les enfants ont pu être référés aux établissements de santé publics traitant les cas de malnutrition.

« Ces populations vivaient de la pêche. Elles n’avaient plus de ressources après leur déplacement, il faut s’attendre à de nombreux cas de malnutrition dans les semaines qui suivent » annonce le Médecin de la Clinique Mobile de Première Urgence Internationale.

Première Urgence Internationale déploie une réponse d’urgence dans la ville de Gaya

Consultation médicale délivrée par les médecins de Première Urgence Internationale auprès des populations déplacées, département de Gaya, région de Dosso, 2 janvier 2021 © Première Urgence Internationale

Le mobilisateur communautaire de Première Urgence Internationale a quant à lui organisé des séances de sensibilisation concernant les bonnes pratiques sanitaires et d’hygiène, notamment l’utilisation des services de santé, l’utilisation de moustiquaire ou encore les risques liés au COVID-19, auprès de 290 personnes. Ces événements sont nécessaires pour la détection et la prise en charge rapide des malades et la réduction des risques de mortalité chez des populations déjà vulnérables.

« Nous avons été sensibilisés sur plusieurs thèmes, dont l’importance de l’utilisation des services de santé. Ici, nous faisons très souvent recours à la médecine traditionnelle, mais on a compris maintenant l’importance des services de santé » conclut Hassane.

« Nous sommes très reconnaissant envers Première Urgence Internationale, mon enfant qui souffrait de fièvre et de diarrhée depuis cinq jours a été traité gratuitement ! » a enchainé une jeune mère présente lors de l’entretien.

Première Urgence Internationale déploie une réponse d’urgence dans la ville de Gaya

Sensibilisation communautaire aux bonnes pratiques sanitaires et d’hygiène menée par le mobilisateur communautaire de Première Urgence Internationale, département de Gaya, région de Dosso, 2 janvier 2021 © Première Urgence Internationale

Ce projet a été réalisé avec le soutien du Centre de crise et de soutien.

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