En Ile-de-France, raccorder des bidonvilles à l’eau potable


La propagation du COVID-19 ralentit en France, mais Première Urgence Internationale poursuit une réponse d’urgence en Ile-de-France, en faveur des personnes plus vulnérables. L’action de l’organisation se base sur deux volets : la santé, et l’accès à l’eau et à de bonnes conditions d’hygiène dans les squats et bidonvilles.

Distribution de kits d’hygiène par Première Urgence Internatioanle pour faire face à la transmission du COVID-19

À travers des cliniques mobiles, les équipes de Première Urgence Internationale sillonnent plusieurs départements d’Ile-de-France depuis le début du confinement, et se rendent sur des squats et bidonvilles[1] pour sensibiliser les populations à la propagation du COVID-19. Sur le terrain, les équipes de l’organisation ont pu évaluer les conditions de vie des populations habitants dans ces lieux, et intervenir pour leur donner un accès à l’eau et un standard minimum d’hygiène, pour éviter la propagation rapide du virus.

Pendant cette crise sanitaire, beaucoup de Françaises et Français ont pu redécouvrir l’importance de l’eau courante, fondamentale pour prévenir la propagation des maladies et pratiquer les gestes barrières de base. Mais « l’accès à l’eau est aussi un droit fondamental et essentiel », rappelle Emilie Sevestre, Responsable technique eau, hygiène et assainissement pour la mission France de Première Urgence Internationale. Pourtant, selon un rapport de l’UNICEF, en France métropolitaine, plus d’un million de personnes vivent au quotidien sans un accès permanent et abordable à l’eau potable. Beaucoup d’entre elles vit dans des squats et bidonvilles et selon une évaluation du programme national de médiation sanitaire, sur seulement 15 lieux de vie sur 53, les habitants ont un accès à l’eau potable (depuis un point sur place ou à moins de 5 minutes à pied).

Émilie nous explique les différentes phases d’intervention Première Urgence Internationale dans les squats et les bidonvilles, pour réunir les conditions d’hygiène nécessaires à la prévention du virus.

1 – La phase d’évaluation

La première phase est l’évaluation. Jusqu’à présent, on a évalué 16 nouveaux terrains dans le Val-de-Marne (94), Seine Saint-Denis (93), Seine-et-Marne (77). La semaine prochaine on innervera dans l’Essonne aussi (91).

L’évaluation consiste en l’analyse de l’accès à l’eau sur le site, et le comptage détaillé des personnes présentes : âge des personnes, nombre d’enfants qui ont moins de 5 ans, genre, etc. Cette évaluation est indispensable pour mieux adapter la distribution des kits d’hygiène dans une phase suivante.

J’ai travaillé dans des camps de réfugiés et déplacés en Centrafrique et au Bangladesh et les conditions d’hygiène sont  tout autant un problème dans les bidonvilles et les squats en France. L’intervention, par contre est complètement différente ici : l’accès à l’eau et les autorisations doivent passer par l’État et quelque fois les démarches auprès des autorités rendent plus lente l’investigation.

2 – L’accès à l’eau potable dans les squats et bidonvilles

Après une première phase d’évaluation, c’est important d’agir en urgence pour permettre à ces personnes d’avoir un accès quotidien à l’eau courante. Les préfets et les collectivités ont notamment la responsabilité de veiller à ce que l’accès à l’eau soit rendu possible pour toutes les populations vivant sur leur territoire, y compris dans des conditions précaires.

Les ONG, elles, ont un rôle de veille et d’alerte : elles peuvent alerter les mairies sur la situation d’inaccessibilité sur le terrain, et les pousser à intervenir. Cette démarche a permis l’installation en urgence de points d’eau dans quasiment la totalité des terrains où nous nous sommes rendus pendant la pandémie. Lorsqu’un bidonville est situé sur deux territoires différents nous avons besoin de deux autorisations différentes : ce qui c’est arrivé pour un des terrains où nous intervenons et pour lequel on est encore en attente des permis.

Le maries ont étés très proactives dans l’intervention d’urgence. Je me suis rendue un jour à Vitry-sur-Seine (94), par exemple, où il y a un bidonville habité par 234 personnes, sans accès à l’eau. J’ai alerté la marie le matin, et le lendemain le site était raccordé à l’eau potable.

Il faut décrocher le téléphone, et les personnes répondent présent la plupart du temps. Comme nous, en tant qu’organisation à but non lucratif,  on est neutre, ça compte. De plus on est dans une crise sanitaire, donc tout le monde essaye de participer à l’urgence.

À Villejuif (94), par exemple, il n’y avait aucune possibilité d’installer des robinets dans le squat. Il y avait un container avec de l’eau qui n’était plus potable, donc la marie a décidé de distribuer des packs d’eau. C’est un exemple d’action, une alternative dans l’urgence, de la part d’une municipalité où on n’a pas pu intervenir. En attendant de faire mieux.

Distribution de kits d’hygiène par Première Urgence Internatioanle pour faire face à la transmission du COVID-19

3- La distribution de kits d’hygiène

En parallèle de ces interventions pour l’accès à l’eau, nous avons décidé aussi d’intervenir sur la partie hygiène, avec la distribution de kits d’hygiène pour faire face à la transmission du COVID-19 et se protéger en prévention. On sait que cette protection passe par l’hygiène des mains, corporelle, et des surfaces. Les mairies ne peuvent pas agir directement là-dessus, mais nous on peut.

Distribution de kits d’hygiène par Première Urgence Internatioanle pour faire face à la transmission du COVID-19

La semaine dernière, mi-mai, nous avons commencé la distribution de kits d’hygiène dans 4 squats du Val-de-Marne (94) : 2 squats à Villejuif, Sucy en brie et Choisy le roi. Jusqu’à aujourd’hui, nous avons distribué 85 kits, pour 271 personnes.

Distribution de kits d’hygiène par Première Urgence Internatioanle pour faire face à la transmission du COVID-19

Un kit est valable pour une famille (5 personnes) et il contient tous les produits essentiels de l’hygiène corporelle pour deux mois : savon, brosses à dent, dentifrice, shampoing et des serviettes hygiéniques pour les femmes; ainsi que des produits pour le ménage du lieu d’habitation : sacs poubelle, éponges, liquide vaisselle, lessive, gants etc. Si dans les familles il y a  des enfants de moins de 3 ans, on ajoute un kit spécifique avec des couches, des lingettes, gel lavant enfant et nourrisson, lait de toilette bébé, etc.

Avant et pendant la distribution, l’équipe sensibilise aussi les personnes au lavage des mains.

 

Sur cette réponse d’urgence au COVID-19, l’ONG intervient avec le soutien de l’Agence régionale de santé, la Fondation Sanofi Espoir, la Fondation Abbé Pierre et l’association La Chaîne de l’Espoir.

 

[1] Un bidonville, comme défini par le Programme des Nations unies pour les établissements humains, est la partie défavorisée d’une ville caractérisée par des logements très insalubres, une grande pauvreté et sans aucun droit ou sécurité foncière. Le squat se spécifie par le fait qu’il s’agit de l’occupation d’un local (et non d’un terrain), et que les résidents ne disposent d’aucun contrat, ne serait-ce qu’oral.

 

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