Communiqué de presse: Quatre ONG alertent sur les conséquences du COVID-19 dans l’est de l’Ukraine


Kiev, le 14 avril 2020 — En Ukraine, les conséquences de la pandémie pourraient être dramatiques pour les populations vulnérables, en particulier dans les provinces de l’est du pays, où un conflit armé qui dure depuis six ans a considérablement fragilisé le système et les structures de santé. Quatre ONG intervenant dans le pays alertent sur la nécessité de prendre d’urgence des mesures pour la protection des civils, et rappellent leur disponibilité pour aider le gouvernement ukrainien.

La pandémie de COVID-19 a atteint l’Ukraine. Un nombre croissant de cas y est déclaré quotidiennement. Le conflit dans l’est de l’Ukraine, qui entre maintenant dans sa 7e année, rend cette région particulièrement vulnérable à une épidémie pour les raisons suivantes : la forte proportion de la population âgée dans la région (36% de la population totale), en particulier dans des établissements isolés ; ainsi que la détérioration du système de santé et des infrastructures de réseau d’eau, en raison de l’impact du conflit armé.

Avant les mesures de confinement imposées, on comptait plus d’1,2 million de passages par mois sur la « ligne de contact ». En majorité, des personnes âgées qui passaient les checkpoints pour aller récupérer leur retraite ou allocations sociales, parfois leur seule source de revenus. Avec les restrictions imposées par le gouvernement limitant la liberté de mouvement, ces personnes se retrouvent dans une situation de forte vulnérabilité, privés d’accès aux éléments essentiels de leur survie.

3,4 millions de personnes ont besoin d’aide dans l’est de l’Ukraine

Jusqu’à présent, le gouvernement ukrainien a pris quelques mesures louables pour enrayer la propagation du COVID-19 (Plan national de préparation et d’intervention) : limitation du transport de passagers et des rassemblements de masse ; fermeture des activités de restauration, culturelles, commerciales et de loisirs ; création d’un Conseil national de coordination, chargé de diriger et superviser l’intervention nationale au niveau stratégique ; renforcement des mesures de santé publique aux points d’entrée ; mise en place de campagnes d’information et de communication sur les risques. Toutefois, ces mesures ne tiennent pas compte de la spécificité des besoins dans les oblasts de Donetsk et de Louhansk, qui ont été directement touchés par plus de six années de conflit armé. La région orientale a été l’épicentre de besoins humanitaires critiques, où l’on estime que 3,4 millions de personnes environ auront besoin d’une aide humanitaire tout au long de 2020.

L’incidence macroéconomique du COVID-19 en Ukraine peut également s’avérer très importante. Les mesures de quarantaine déjà imposées pourraient entraîner des pertes importantes pour les entreprises et leurs bilans ; par ailleurs, des financements supplémentaires vont devenir nécessaires pour renforcer et garantir la préparation du système de soins de santé.

La quarantaine, dont l’objectif premier est de maîtriser la propagation du virus COVID-19, et, par conséquent, le blocage de tous les points de contrôle à l’entrée (EECP) sur la ligne de contact, a posé un problème dans l’est : des milliers de personnes qui ont traversé les EECP avant leur fermeture le 21 mars sont désormais coupées des services médicaux, administratifs, sociaux et autres services essentiels, y compris les pensions et les prestations sociales.

© Sadak Souici / Première Urgence Internationale

La dignité et les droits de l’homme avant tout

Outre les facteurs énumérés ci-dessus, le conflit dans l’est de l’Ukraine entre maintenant dans sa 7ème année. Les hostilités continuent de se dérouler quotidiennement, avec des effets dévastateurs sur les infrastructures essentielles et la vie des gens ordinaires. La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a récemment déclaré : « Le COVID-19 est un test pour nos sociétés. Nous apprenons tous et nous nous adaptons au fur et à mesure que nous réagissons au virus. La dignité et les droits de l’homme doivent être la priorité dans cet effort, et non reportés à une réflexion ultérieure ».

Nos organisations adhèrent à cette déclaration, en estimant que la sécurité et la dignité des personnes doivent être protégées conformément aux principes humanitaires et juridiques internationaux. Comme la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a déclaré le 6 mars 2020 : « la dignité et les droits de l’homme doivent être la priorité » dans la réponse au virus.

Première Urgence Internationale, le Conseil danois pour les réfugiés, le Conseil norvégien pour les réfugiés et Right to Protection sont prêts à fournir leur assistance au gouvernement ukrainien dans le cadre de leur mandat en Ukraine.

Mesures urgentes demandées au gouvernement

Compte tenu de tous les éléments énumérés ci-dessus et en réponse à l’épidémie de COVID-19, Première Urgence Internationale, le Conseil danois pour les réfugiés, le Conseil norvégien pour les réfugiés et Right to Protection ont défini les mesures les plus importantes et les plus urgentes qui doivent être mises en œuvre dans l’est de l’Ukraine par le gouvernement, dans les meilleurs délais :

  1. Sensibiliser les personnes qui vivent le long de la ligne de contact dans l’est de l’Ukraine au COVID-19 et aux gestes barrières;
  2. Renforcer les capacités du système de santé public, y compris en termes de personnel de santé
  3. Renforcer les ressources en matière de santé mentale et de soutien psychosocial au niveau local afin de lutter contre les problèmes de santé mentale liés au COVID-19
  4. Aider les communautés à appliquer et à maintenir les mesures de sécurité et les pratiques d’hygiène recommandées
  5. Assurer l’allocation et la distribution des fournitures essentielles pour empêcher la diffusion du COVID-19 (masques, gants, etc.)
  6. Soutenir les personnes qui vivent le long de la ligne de contact pour assurer leurs moyens de subsistance, leurs droits et leurs mesures de protection sociale
  7. Tout en mettant en œuvre les mesures susmentionnées, il est primordial de veiller à ce que toutes les restrictions imposées aux droits et aux libertés soient conformes à la législation et aux normes en matière de droits de l’homme. Elles ne devraient pas durer plus longtemps que ce qui est strictement requis par les circonstances et ne devraient pas affecter de manière disproportionnée les plus vulnérables. En outre, la libre circulation des agences humanitaires doit être assurée en vue d’une assistance en temps utile aux populations concernées.

Nous sommes convaincus que le potentiel impact négatif de l’épidémie de COVID-19 en Ukraine peut être freiné par des efforts conjoints efficaces.

 

Signataires :

Première Urgence Internationale

Conseil norvégien pour les réfugiés

Conseil danois pour les réfugiés

Right to Protection

 

CONTACTS PRESSE :

Sergiy Svyatenko – Chargé de communication pour Première Urgence Internationale, [email protected]  +38 050 486 7630; +38 093 537 55 47
Violetta Shemet – Chargée de communication pour le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), [email protected]  + 38 050 468 45 38; + 38 067 828 58 94
Viktoriya Hrubas – Chargée de communication pour le Conseil danois pour les réfugiés (DRC), [email protected]  +38 073 10 20 917; +38 099 12 76 4 76
Anastasiia Odintsova – Coordinatrice plaidoyer pour le CF “Right to Protection”, [email protected]  +38 099 387 33 89

 

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