Un centre d’accueil à Ivry sur Seine pour les personnes « plus ou moins » installées


Jason Arthaud est stagiaire à Première Urgence Internationale. En octobre dernier, il a prêté main forte à l’équipe de la mission France au Centre d’Accueil à Ivry sur Seine, en Ile-de-France. Il nous livre le récit de cette journée.

Le Centre d’Accueil à Ivry sur Seine, un lieu pour faciliter l’insertion

« Première Urgence Internationale anime un Centre d’accueil à Ivry sur Seine, où sont accompagnés des demandeurs d’asile, des réfugiés, des personnes « plus ou moins » récemment installées en France et des personnes dont le séjour est « plus ou moins » régulier au sens administratif du terme. Le centre leur propose notamment des cours de français à visée d’insertion ainsi qu’une permanence d’écrivain public qui nous amène souvent à faire des orientations vers des structures de santé.

J’ai été chargé d’apporter mon soutien à plusieurs personnes au cours de l’une de ces permanences. Madame K.* m’a sollicité pour rédiger un courrier afin d’interpeller le Maire de la commune sur ses difficultés d’insertion. En effet, mère seule avec deux enfants en bas âge, sans travail ni logement fixe, elle demande au Maire une place en crèche pour Nafissa* sa deuxième fille qui fête bientôt son premier anniversaire. Cette femme malienne a eu son diplôme de sage-femme en Italie. Elle a suivi son conjoint en région parisienne avant d’être abandonnée par ce dernier alors qu’elle était en période de grossesse. Elle vit aujourd’hui dans un hôtel social (le fameux 115), et l’avenir de ses deux jeunes filles la préoccupe sérieusement.

Mohammed se retrouve dans la rue et sans ressources

Mohammed* est très ponctuel et s’est muni des documents qui lui avaient été demandés. Le jeune homme précédemment hébergé en Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile (1) a été débouté de sa demande par l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (2) il y a peu. Aujourd’hui, il se retrouve à la rue et sans ressources. Il vient me voir pour faire une demande d’Aide Médicale d’État afin d’être couvert en cas de maladie ou d’accident. Mélina, la chargée de projet d’insertion sociale qui supervise mon travail s’inquiète : « Mohammed, prends toujours un ticket quand tu montes dans le bus au risque d’avoir des problèmes ! »

Avant de s’en aller, Mohammed me montre un SMS qu’il a reçu plusieurs fois et me demande de le lui lire : « Vous êtes en situation irrégulière ou en difficulté en France, l’État français vous aide à retourner dans votre pays en prenant en charge votre billet de retour et en vous donnant une aide financière pour vous réinstaller… ». Ce message qui invite Mohammed à se présenter à l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration lui a été également envoyé en anglais. Mohammed reste mutique. Mais son regard qui se perd dans le vague trahit une grande confusion.

Guy n’a jamais eu de papiers

C’est enfin le tour de Guy*, qui aura patienté un long moment sur les bancs du hall, mais ça n’est rien comparé à ce qui l’amène. Guy vit en France depuis près de dix ans, et jusqu’à ce jour il n’a jamais eu de papiers. Il a demandé une réunification avec son père, car toute sa famille du côté paternel réside en France depuis la fin des années 1980. Guy travaille depuis 2012 dans une entreprise de propreté. Nous avons donc contacté notre avocat référent spécialiste du droit des étrangers, selon lui sa meilleure carte est de rester patient… jusqu’à ce qu’il fête ses dix ans de résidence en France.

Toutes ces histoires me laissent le goût amer de l’injustice. Le droit et les services sociaux existent mais nous ne sommes pas tous égaux quand il s’agit d’y accéder. Le travail d’organisations comme Première Urgence Internationale permet à des personnes vulnérables de bénéficier d’un soutien dans l’accès au droit, à la santé, à la formation. C’est un véritable accompagnement à l’insertion qui est mené dans ce centre. En France et à l’étranger, les organisations humanitaires ont un rôle nécessaire, celui de couvrir les besoins des personnes vulnérables.»

(1) Un Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) est un foyer ou dispositif hôtelier spécialisé pour l’hébergement des demandeurs d’asile durant le temps d’examen de leur demande.

(2) L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) est un établissement public, crée en 1952, chargé d’assurer en France l’application des conventions, accords ou arrangements internationaux concernant la protection des réfugiés. 

* Les noms ont été modifiés pour respecter l’anonymat des personnes.

 

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