« Première Urgence Internationale s’attend à une augmentation des besoins humanitaires en Afghanistan pour 2019 »


Ondine est cheffe de mission en Afghanistan pour Première Urgence Internationale depuis décembre 2017. A 29 ans, elle ne veut pas se reposer sur ses acquis et recherche sans cesse de nouveaux défis pour répondre aux besoins humanitaires. Un souhait qui coïncide avec son engagement humanitaire dans un pays en proie à l’un des conflits les plus meurtriers du monde.

Besoins humanitaires en Afghanistan

Comment es-tu devenue cheffe de mission en Afghanistan et quel bilan tires-tu de cette année ?

Je venais de terminer une mission en tant que cheffe de mission adjointe aux programmes au Yémen en octobre 2017 avec Première Urgence Internationale lorsque l’on m’a proposé ce poste. J’ai passé les entretiens avec succès et j’ai rejoint l’équipe peu de temps après. Je savais qu’il y avait beaucoup de travail à réaliser, notamment pour recréer une bonne cohésion d’équipe. C’est à dire avec des expatriés qui restent dans le pays souvent moins d’un an et du personnel national qui travaille pour nous, pour certains, depuis une vingtaine d’années.

Cette année a été dense en événements pour la mission. Nous avons obtenu de nouveaux financements qui vont nous permettre d’intervenir – de nouveau, après une dizaine d’années – dans le Nuristan et le Laghman. Le Nuristan situé à l’est du pays à la frontière avec le Pakistan, est une province très difficile d’accès. Il y a peu d’organisations humanitaires, avec des enjeux de sécurité élevés. Première Urgence Internationale a un très bon niveau d’acceptation dans ses zones d’intervention. Cela nous permet d’accéder à ces communautés qui reçoivent peu ou pas d’assistance humanitaire. Nous allons être en mesure de soutenir, dans un premier temps, un centre de santé dans cette province.

Besoins humanitaires en Afghanistan

Quel a été le défi principal pour toi cette année ?

La sécurité. En effet, le pays a fait face à de nombreux incidents sécuritaires dans nos zones d’intervention, notamment à Kaboul et à Jalalabad, à l’est du pays. En janvier dernier, l’hôtel Intercontinental a été attaqué par un groupe d’opposition armé. A Jalalabad, l’ONG « Save the Children » a également subi une attaque sur ses bâtiments. Plus récemment, en juillet, une école de sages-femmes a été ciblée. Première Urgence Internationale gère le même type d’école dans la province voisine, à Assadabad.

On se rappelle également d’une explosion suicide qui a causé 80 morts et plus de 150 blessés dans un district de Nangarhar, à quelques kilomètres de Jalalabad, le 11 septembre. Cette année, les ONG elles-mêmes ont été très touchées, et notamment le personnel local.

En tant que cheffe de mission, je suis responsable de la sécurité de mes équipes. Je dois m’assurer que tous les moyens de repli sont en place, par exemple avec la présence d’une « safe room », une chambre sécurisée. Elle doit être opérationnelle. Chacun doit pouvoir s’y réfugier en moins de 30 secondes. Les équipes de Première Urgence Internationale n’ont heureusement pas été touchées jusque-là.

La situation sécuritaire est très tendue. Comment donner envie à du personnel qualifié de rejoindre l’équipe ?

Le recrutement peut être un véritable enjeu sur une mission humanitaire en Afghanistan. Mais finalement, nous constatons que lorsqu’un nouveau membre « expatrié » arrive, il ne veut plus quitter le pays et la mission.

Il y a actuellement une très bonne entente dans l’équipe et le contexte actuel est passionnant. Nous gérons consciencieusement les problèmes sécuritaires, ce qui nous permet d’aller suivre nos activités sur le terrain. Cela nous permet même de nous rendre dans certaines parties du pays sur notre temps libre. Il faut savoir aussi que l’Afghanistan vit un tournant historique en ce moment. En effet, il y a les élections présidentielles à venir en 2019 et de possibles pourparlers de paix.

besoins humanitaires en Afghanistan

En 2019, quels seront pour Première Urgence Internationale les enjeux et besoins humanitaires en Afghanistan ?

Avec les élections présidentielles programmées en avril prochain et les législatives qui ont eu lieu en octobre 2018, le pays fait face à une forte période de tensions. L’Afghanistan est gangréné par une forte corruption. Il doit maintenant trouver une solution politique à une guerre qui dure depuis 2001.

Dans ce contexte, Première Urgence Internationale s’attend à une augmentation des besoins humanitaires en Afghanistan. Aujourd’hui 3,3 millions de personnes sont en besoin urgent. De plus, l’ouest du pays fait face à une sécheresse sans précédent en 2018. Elle a déjà causé plus de 260 000 déplacés internes. Nous sommes un « acteur de santé » dans le pays. Nous allons poursuivre cette intervention en améliorant l’accès des populations à des services de santé et nutrition de qualité.

En Afghanistan, nous nous attendons à de plus en plus de populations déplacées à cause du conflit et de désastres naturels, mais aussi à beaucoup de personnes physiquement et mentalement affectées par le conflit. En effet, dans sa zone d’intervention, Première Urgence Internationale a relevé que le nombre de cas de traumatismes dus au conflit a doublé, voire triplé, les deux dernières années. C’est un enjeu à prendre en compte pour la population mais également pour nos équipes nationales. Les travailleurs humanitaires sont en effet très affectés psychologiquement par cette situation. Nous voulons donc leur apporter une aide psychosociale spécifique.

Première Urgence Internationale va donc faire face à des enjeux très divers en 2019, avec des équipes préparées, motivées et « humanitairement » engagées.

Comment sont utilisés vos dons ?

Stats Chaque année, Première Urgence Internationale affecte l’essentiel de ses ressources aux programmes qu’elle déploie sur ses différents terrains d’intervention et seulement 0,2% à la recherche de fonds. Vos dons sont essentiels.

Reprendre en main son destin !

Vos dons sont les garants de notre liberté d’action. Ils nous permettent de venir en aide aux populations affectées par des crises oubliées qui ne retiennent l’attention ni des médias, ni des bailleurs de fonds institutionnels. Les sommes collectées constituent ainsi les fonds propres de l’association, lui donnant une autonomie d’action et une réactivité accrue.
Faire un don