Yémen – Une solution politique pour sortir de la crise humanitaire


Lundi dernier, l’envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, appelait toutes les parties en conflit à observer une trêve à partir du 15 décembre, date à laquelle doivent s’ouvrir des pourparlers de paix en Suisse. Depuis mars dernier, la guerre a fait plus de 32 300 victimes, dont au moins 5 600 morts, et entraîné le déplacement de 2,3 millions de personnes dans le pays.

Des négociations de paix s’étaient déjà tenues en juin dernier à Genève (Suisse) entre le président du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi, et des responsables du groupe rebelle Houthis, sans résultat. « Après plusieurs échecs, la perspective d’un potentiel cessez-le-feu et de nouveaux pourparlers de paix apporte une lueur d’espoir après neuf mois de combats intenses » souligne Alain Coutand, responsable régional des programmes de Première Urgence Internationale au Moyen-Orient.

Présentes au Yémen depuis 2007, les équipes de Première Urgence Internationale continuent à travailler dans les gouvernorats de Hodeidah et de Raymah, à l’ouest du pays. Les besoins sont colossaux dans les six districts où interviennent les équipes, tout comme dans le reste du pays où plus de 80% de la population a besoin d’une assistance humanitaire d’urgence. 14,4 millions de Yéménites sont en situation d’insécurité alimentaire et 1,8 millions d’enfants risquent de souffrir de malnutrition à court terme. Dans ce contexte, Première Urgence Internationale intervient avec des programmes de distribution alimentaire, de prise en charge et de traitement de la malnutrition aiguë, grâce notamment à des cliniques mobiles qui permettent aux équipes d’accéder à des communautés davantage isolées.

« La communauté internationale doit jouer pleinement son rôle et promouvoir une paix négociée »

Cependant, l’accès à la population reste complexe et dangereux. Les combats au sol, les violences commises par les groupes armés et les bombardements aveugles de la coalition arabe, dirigée par l’Arabie Saoudite et soutenue entre autres par la France, rendent l’acheminement de l’aide humanitaire extrêmement difficile et aléatoire. Ils s’accompagnent d’un blocus aérien, terrestre et naval qui paralyse l’ensemble du pays, conséquence directe de la résolution 2216 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui impose notamment un embargo sur les armes aux rebelles Houthis. Les restrictions sur les importations ont entraîné une pénurie de carburants, de nourriture et de médicaments, en cours depuis des mois, qui ne fait qu’aggraver une situation déjà extrême pour la population yéménite. Les services publics, et particulièrement le système de santé, se sont presque entièrement effondrés en neuf mois. Selon l’OMS, plus de 600 structures de santé sur 4 000 existantes ne sont plus opérationnelles, faute de fuel, de fournitures médicales et de personnel qualifié.

Les nouveaux pourparlers de paix se tiendront dans un contexte des plus critiques pour la population yéménite. « La communauté internationale doit jouer pleinement son rôle et promouvoir une paix négociée, notamment la France qui vend des équipements militaires à l’Arabie Saoudite en dépit du traité sur le commerce des armes, entré en vigueur il y a presque un an » conclut Alain Coutand. Ce traité demande aux pays fournisseurs d’armes d’évaluer avant toute vente les risques que ces armes ne servent à perpétrer des violations des droits humains ou du droit international.

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